Les récentes taxes doua­nières impo­sées par le président Donald Trump, notam­ment des droits de 20 % sur les impor­ta­tions en prove­nance de l’Union euro­péenne et des augmen­ta­tions signi­fi­ca­tives sur les produits chinois, suscitent des inquié­tudes quant à leur impact sur l’emploi au niveau mondial.

L’Organisation de coopé­ra­tion et de déve­lop­pe­ment écono­miques (OCDE) a averti que ces mesures pour­raient ralen­tir la crois­sance écono­mique mondiale, en parti­cu­lier aux États-Unis et dans la zone euro, tout en ravi­vant l’in­fla­tion. ​[Courrier inter­na­tio­nal]

Des écono­mistes, tels qu’Olu Sonola de Fitch Ratings, estiment que ces tarifs pour­raient entraî­ner une réces­sion dans plusieurs pays, en augmen­tant les coûts pour les consom­ma­teurs et en rédui­sant les dépenses, ce qui affec­te­rait néga­ti­ve­ment l’emploi. De plus, des entre­prises multi­na­tio­nales, comme celles du secteur auto­mo­bile, envi­sagent de revoir leurs inves­tis­se­ments et leurs chaînes d’ap­pro­vi­sion­ne­ment en réponse à ces barrières commer­ciales, ce qui pour­rait entraî­ner des suppres­sions d’emplois dans les pays touchés. ​[MarketWatch, Reuters]

En résumé, les taxes doua­nières décré­tées par Donald Trump risquent de pertur­ber les échanges commer­ciaux inter­na­tio­naux, de ralen­tir la crois­sance écono­mique et d’aug­men­ter le chômage dans plusieurs régions du monde.

Les régions parti­cu­liè­re­ment affec­tées par cette augmen­ta­tion des taxes douanières

Les régions parti­cu­liè­re­ment affec­tées par cette augmen­ta­tion des taxes doua­nières impo­sées par Trump risquent d’être les suivantes :

1. Chine et Asie de l’Est

  • Impact direct : La Chine est la cible prin­ci­pale des taxes sur les impor­ta­tions, ce qui affecte des secteurs clés comme l’électronique, les machines et les biens de consommation.
  • Effets colla­té­raux : D’autres pays asia­tiques liés aux chaînes d’ap­pro­vi­sion­ne­ment chinoises (comme le Vietnam, la Corée du Sud, et Taïwan) subissent aussi des perturbations.

2. Union européenne

  • Industrie auto­mo­bile et aéro­nau­tique : Des géants comme BMW, Airbus ou Volkswagen pour­raient voir leurs expor­ta­tions vers les États-Unis dimi­nuer en raison des coûts accrus.
  • Agriculture : Des produits agri­coles euro­péens (fromages, vins, etc.) ont déjà été ciblés par le passé, et pour­raient l’être de nouveau, ce qui touche­rait des régions rurales dépen­dantes des exportations.

3. États-Unis

  • Fabrication et agri­cul­ture : Bien que les tarifs visent à proté­ger certains emplois, de nombreuses indus­tries dépen­dant de compo­sants impor­tés voient leurs coûts explo­ser, ce qui peut mener à des licen­cie­ments ou à des délo­ca­li­sa­tions inverses.
  • Consommateurs : La hausse des prix peut réduire la demande, ce qui affecte indi­rec­te­ment les emplois dans la vente, la logis­tique et la distribution.

4. Amérique latine

  • Chaînes d’approvisionnement pertur­bées : Des pays comme le Mexique, très inté­grés à l’industrie auto­mo­bile nord-améri­caine, pour­raient subir des retom­bées négatives.
  • Moins d’investissements directs : L’incertitude commer­ciale rend les multi­na­tio­nales plus frileuses à inves­tir dans des écono­mies émergentes.

Voici un tableau réca­pi­tu­la­tif des régions affec­tées par les taxes doua­nières de Trump, avec les secteurs touchés et l’im­pact principal :

Région Secteurs touchés Impact prin­ci­pal
Chine et Asie de l’Est Électronique, machines, biens de consom­ma­tion, logistique Diminution des expor­ta­tions, pertur­ba­tion des chaînes d’approvisionnement
Union euro­péenne Automobile, aéro­nau­tique, agri­cul­ture, vin, fromage Réduction des expor­ta­tions, hausse des coûts de production
États-Unis Fabrication, agri­cul­ture, vente au détail, logistique Augmentation des prix, baisse de la demande, perte d’emplois indirecte
Amérique latine Automobile, élec­tro­nique, inves­tis­se­ments directs étrangers Perte d’investissements, réorien­ta­tion des chaînes d’approvisionnement

Voici un graphique qui montre le nombre approxi­ma­tif de secteurs touchés par les taxes doua­nières de Trump dans chaque grande région. On voit que la Chine et l’Asie de l’Est ainsi que l’Union euro­péenne sont parti­cu­liè­re­ment vulné­rables en raison de leur forte inté­gra­tion dans le commerce mondial.

Voici un camem­bert qui montre la répar­ti­tion des secteurs affec­tés par type. On voit clai­re­ment que l’in­dus­trie est la plus touchée, suivie de près par l’agriculture/alimentation et la tech­no­lo­gie. Ça reflète bien l’impact trans­ver­sal de ces taxes, non seule­ment sur les biens finis, mais aussi sur les chaînes de produc­tion mondiales.

Les effets atten­dus dans les secteurs écono­miques les plus impac­tés par l’aug­men­ta­tion des taxes douanières

Si ces droits de douane sont main­te­nus dans les mois à venir, il faut s’at­tendre à un ralen­tis­se­ment de la crois­sance, à une hausse de l’in­fla­tion et à une baisse de la confiance des consom­ma­teurs et des entreprises.

1. Industrie (auto­mo­bile, machines, aéronautique)

  • Régions les plus affec­tées : Union euro­péenne, Chine, Mexique, États-Unis
  • Effets :
    • Hausse des coûts de produc­tion à cause des pièces impor­tées taxées.
    • Réduction des expor­ta­tions (ex : voitures euro­péennes vers les USA).
    • Délocalisations frei­nées ou inver­sées (entre­prises hésitent à inves­tir à l’étranger).
  • Exemple concret : BMW, Volkswagen ou Airbus revoient leurs plans d’expansion aux États-Unis ou en Chine.

2. Technologie / Électronique

  • Régions les plus affec­tées : Chine, Taïwan, Corée du Sud, États-Unis
  • Effets :
    • Augmentation du prix des compo­sants (puces, écrans, batteries).
    • Baisse de la compé­ti­ti­vité des produits finis (smart­phones, ordinateurs).
    • Ralentissement des chaînes d’approvisionnement mondiales (ex : Apple dépend de la Chine pour assem­bler ses produits).
  • Exemple concret : Les droits de douane sur les compo­sants élec­tro­niques chinois ont obligé certaines entre­prises améri­caines à cher­cher d’autres four­nis­seurs, ce qui a tempo­rai­re­ment ralenti la production.

3. Agriculture et alimentation

  • Régions les plus affec­tées : États-Unis, Union euro­péenne, Amérique du Sud
  • Effets :
    • Produits agri­coles ciblés par des repré­sailles (ex : soja améri­cain, vin européen).
    • Pertes de marchés d’exportation majeurs (ex : la Chine a réduit ses impor­ta­tions de soja US).
    • Surplus local → baisse des prix → perte de reve­nus pour les agriculteurs.
  • Exemple concret : De nombreux agri­cul­teurs améri­cains ont subi de lourdes pertes et ont dû être soute­nus par des subven­tions fédérales.

Quelle est l’importance du commerce des États-Unis avec le Canada, le Mexique et la Chine ?

Le Canada, le Mexique et la Chine repré­sentent ensemble 40 % du commerce exté­rieur des États-Unis. Ces régions repré­sentent une part impor­tante des impor­ta­tions essen­tielles de produits éner­gé­tiques et alimen­taires, ainsi que d’au­to­mo­biles et de produits inter­mé­diaires néces­saires à l’in­dus­trie manu­fac­tu­rière améri­caine. Les consom­ma­teurs améri­cains dépendent de ces impor­ta­tions, car la demande dépasse la produc­tion natio­nale pour de nombreux biens.

L’application de droits de douane est suscep­tible d’avoir un impact signi­fi­ca­tif à court terme sur l’éco­no­mie améri­caine, car les États-Unis ne sont pas en mesure d’aug­men­ter immé­dia­te­ment leur produc­tion pétro­lière, de produire davan­tage ou d’ac­croître leurs capa­ci­tés de produc­tion pour de nombreux biens.

À court terme, les droits de douane sont plus problé­ma­tiques pour la Chine que pour les États-Unis. Ces droits frappent l’éco­no­mie chinoise à un moment où elle peine déjà à main­te­nir son objec­tif de crois­sance. Les problèmes rencon­trés par la Chine découlent du vieillis­se­ment de la popu­la­tion, de la baisse de la valeur de l’im­mo­bi­lier et de la hausse du chômage des jeunes. Alors que le pays conti­nue de fonc­tion­ner avec une offre excé­den­taire, il dépend de plus en plus du commerce (notam­ment avec les États-Unis) pour stimu­ler la crois­sance du PIB.

Comment les tarifs doua­niers pour­raient-ils se reflé­ter dans les mesures de l’inflation aux États-Unis ?

Les droits de douane entraî­ne­ront très proba­ble­ment une hausse des prix pour les consom­ma­teurs améri­cains. Comme il est diffi­cile de rempla­cer de nombreuses impor­ta­tions en prove­nance de parte­naires commer­ciaux clés, nous prévoyons que le coût des droits de douane sera réper­cuté sur les produc­teurs natio­naux (mesuré par l’in­dice des prix à la produc­tion) et, in fine, sur les consom­ma­teurs (mesuré par l’in­dice des prix à la consom­ma­tion). Cela entraî­ne­rait proba­ble­ment une infla­tion persis­tante supé­rieure à 3 % jusqu’à la fin de l’année.

Les prix des produits de première néces­sité connaî­tront proba­ble­ment la plus forte hausse, notam­ment ceux des produits alimen­taires et de l’éner­gie. Les prix des biens subi­ront une pres­sion à la hausse, ce qui atté­nuera une grande partie des forces défla­tion­nistes obser­vées l’an­née dernière. Nous esti­mons que l’in­fla­tion pour­rait augmen­ter de 50 points de base d’ici la fin de l’an­née si les droits de douane sont appli­qués au-delà de trois mois. [RBC]

Que faut-il faire pour éviter l’im­pact sur l’emploi mondial de cette augmen­ta­tion des taxes douanières ?

1. À l’échelle inter­na­tio­nale : Dialogue & diplo­ma­tie commerciale

  • Négociations multi­la­té­rales via l’OMC : Relancer les discus­sions commer­ciales pour éviter l’es­ca­lade protectionniste.
  • Accords bila­té­raux ou régio­naux : L’UE, la Chine, et d’autres pays peuvent renfor­cer leurs rela­tions commer­ciales entre eux pour contour­ner les États-Unis.
  • Mécanismes de règle­ment des diffé­rends : Utiliser les insti­tu­tions inter­na­tio­nales pour contes­ter les taxes injustifiées.

2. Au niveau des États : Mesures de soutien ciblées

  • Soutien aux entre­prises expor­ta­trices : Subventions tempo­raires, crédits d’impôt, aides à la relo­ca­li­sa­tion ou à la diver­si­fi­ca­tion des marchés.
  • Aide aux travailleurs impac­tés : Programmes de recon­ver­sion, forma­tion conti­nue, assu­rance-chômage renforcée.
  • Politique indus­trielle proac­tive : Investissements dans l’innovation, la produc­tion locale et les chaînes d’ap­pro­vi­sion­ne­ment résilientes.

3. Au niveau secto­riel : Adaptation et innovation

  • Diversification des chaînes d’approvisionnement : Réduire la dépen­dance à un seul pays ou bloc.
  • Automatisation et montée en gamme : Produire moins cher ou avec plus de valeur ajou­tée pour rester compé­ti­tif malgré les taxes.
  • Partenariats stra­té­giques : Coopérations inter-entre­prises pour parta­ger les risques ou se regrou­per pour contour­ner les barrières.

4. Alternatives à court terme

  • Redirection des expor­ta­tions vers des marchés non soumis aux taxes américaines.
  • Assemblage final délo­ca­lisé dans des pays tiers pour éviter que le produit soit consi­déré comme “chinois” ou “euro­péen” aux yeux des douanes US.
  • Plaidoyer poli­tique : Les entre­prises peuvent faire pres­sion sur leurs gouver­ne­ments pour obte­nir des contre-mesures ou des exonérations.

Voici en conclu­sion une mind­map, un plan d’action visuel des actions stra­té­giques à mettre en œuvre pour atté­nuer ou éviter l’im­pact écono­mique de cette augmen­ta­tion des taxes douanières :

Fabien Perez