« France Travail refuse de finan­cer la forma­tion d’un homme de 60 ans au motif qu’elle se déroule à distance. »

C’est par cette phrase que l’un de mes amis a attiré mon atten­tion sur son cas bien parti­cu­lier. Ou peut-être pas si parti­cu­lier qu’on pour­rait le penser. C’est pour­quoi je me permets d’en faire un article afin de recueillir votre avis et vos témoignages.

Suite à un plan social dans son entre­prise, où il était cadre RH, cet ami se retrouve deman­deur d’emploi. Il a 60 ans, l’al­lon­ge­ment de l’âge de la retraite ne le dérange pas, il est en bonne santé et espère bien travailler le plus long­temps possible. Il voudrait élar­gir son champ de compé­tences et ses oppor­tu­ni­tés à travers une forma­tion complé­men­taire. Il s’adresse donc à son agence France Travail locale afin d’ob­te­nir un abon­de­ment pour complé­ter des frais de forma­tion couverts à 80% par son CPF.

Un refus d’abon­de­ment motivé

Malheureusement, cet abon­de­ment lui est refusé par France Travail au motif que cette forma­tion se déroule prin­ci­pa­le­ment en distanciel.

Il conteste ce motif : ni le Code du travail ni la régle­men­ta­tion propre au CPF ne prévoient de limi­ta­tion liée à la moda­lité péda­go­gique (présen­tiel ou distan­ciel), tant que la forma­tion est sérieuse, enca­drée et reconnue.

Dans son cas, le format à distance consti­tue même un facteur faci­li­tant : il permet une meilleure conci­lia­tion avec ses contraintes person­nelles, sans nuire à la qualité du suivi péda­go­gique, qui est assuré par des forma­teurs quali­fiés et un accom­pa­gne­ment indi­vi­dua­lisé. C’est une forma­tion quali­fiante recon­nue par l’État. Il n’y a pas de forma­tion équi­va­lente en présen­tiel, à proxi­mité de sa commune et dans les délais qui l’intéressent.

Mais rien n’y fait, son agence France Travail persiste dans ce refus. L’équipe de Direction de l’agence est formelle : c’est non, ils ne veulent pas finan­cer une forma­tion à distance.

Cet homme s’adresse alors au Médiateur Régional, c’est la procé­dure usuelle, mais il n’ob­tient pas davan­tage gain de cause. Le Médiateur Régional abonde dans le sens d’un refus d’abondement.

Mais un motif de refus contradictoire

Une recherche sur le site de France Travail montre pour­tant clai­re­ment qu’il y a de nombreuses forma­tions à distance finan­cées par France Travail.

Uniquement dans le domaine des ressources humaines on trouve, par exemple, des forma­tions de : TP Assistant RH, TP Gestionnaire de Paie, Responsable en gestion admi­nis­tra­tive et RH. Ou encore une forma­tion de : Conseiller emploi et accom­pa­gne­ment professionnel.

France Travail fait même sur son site la promo­tion de la forma­tion à distance. Par exemple, ce message : « Acquérir et déve­lop­per ses compé­tences avec la forma­tion 100% à distance c’est possible. Des forma­tions, finan­cées et rému­né­rées, dans plus de 20 secteurs, sur plus de 150 métiers avec à la clé un diplôme, un titre profes­sion­nel ou une certification. »

C’est préci­sé­ment ce qui inté­resse notre homme de 60 ans. Son projet profes­sion­nel est simple et cohé­rent. Il a un Bac+4 dans le domaine des ressources humaines, une expé­rience profes­sion­nelle confir­mée dans la fonc­tion RH. Il souhaite acqué­rir un TP de Formateur Professionnel d’Adultes pour exer­cer dans ce domaine en tant que Formateur. Une entre­prise est inté­res­sée par son profil mais requiert le fameux TP FPA. C’est simple et cohérent.

On voit donc que le carac­tère distan­ciel d’une forma­tion ne consti­tue abso­lu­ment pas un frein pour un finan­ce­ment de France Travail. Pas plus qu’un projet profes­sion­nel inco­hé­rent ne pour­rait être justi­fié dans son cas.

Que cache réel­le­ment ce refus

Alors, quel est donc le véri­table motif pour refu­ser le finan­ce­ment de cette forma­tion à distance à cette personne ?

Pour le trou­ver, nous émet­tons une hypo­thèse qui peut tout expli­quer. Pour appor­ter un nouvel éclai­rage à cette situa­tion, inver­sons simple­ment les termes de la phrase initiale, ce qui donne :

« France Travail refuse de finan­cer une forma­tion à distance au motif qu’il s’agit d’un homme de 60 ans. »

Un motif qui va tota­le­ment à l’en­contre de la campagne de commu­ni­ca­tion de nos insti­tu­tions en faveur de l’emploi des seniors. Un motif non conforme au Droit du Travail, discri­mi­na­toire, inavouable.

Vous êtes deman­deur d’emploi ou en poste, en entre­prise ou indé­pen­dant, et vous avez plus de 50 ans ?

Mon expé­rience dans le recru­te­ment m’a montré que le mot d’ordre de certaines entre­prises commence en fait plus tôt. Un consul­tant en recru­te­ment qui n’a jamais entendu un mana­ger lui dire « On ne veut personne au delà de 45 ans » a encore du chemin à faire dans le métier. Mais je ne m’at­ten­dais pas à autant d’aveu­gle­ment de la part d’un orga­nisme public sensé faci­li­ter l’emploi des seniors.

Alors, connais­sez vous des cas de refus de finan­ce­ment de forma­tion par notre noble insti­tu­tion du travail, pour des motifs qui vous semblent injus­ti­fiés, inco­hé­rents ou inex­pli­cables ? Contactez-nous pour en témoigner.

Lisez notre article inti­tulé : « Comment lutter contre l’âgisme lors de votre recherche d’emploi »
https://www.jobalternative.fr/comment-lutter-contre-lagisme-lors-de-votre-recherche-demploi/

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Fabien Perez