Les cadres seniors deman­deurs d’emploi sont confron­tĂ©s Ă  de nombreuses diffi­cul­tĂ©s pour retrou­ver un emploi : la quasi-tota­litĂ© (89 %) d’entre eux estiment que leur recherche d’emploi est diffi­cile. Face Ă  ces diffi­cul­tĂ©s, une majo­ritĂ© de cadres seniors restent nĂ©an­moins exigeants puisque 71 % se disent prĂŞts Ă  attendre afin de retrou­ver un emploi qui corres­pond Ă  leurs critères de recherche, l’anciennetĂ© d’inscription Ă  France Travail n’ayant que peu d’incidence sur cette exigence (Ă©tude PĂ´le Emploi et APEC  2021–2022).

Selon un rapport de la Dares, publiĂ© en avril 2022, en France, le taux d’emploi des 55–64 ans se situe Ă  56%. Une moyenne qui cache de profondes dispa­ri­tĂ©s, car ce chiffre fond dras­ti­que­ment après 60 ans : il passe de 75,1% pour les 55–59 ans Ă  35,5% pour les 60–64 ans (contre 46% en moyenne pour l’Union euro­pĂ©enne). Un rapport de l’UnĂ©dic, datant de mars 2023, montre que la durĂ©e moyenne d’inscription Ă  PĂ´le Emploi Ă©tait de 520 jours pour les plus de 50 ans, au 2ème trimestre 2021, contre 340 pour les 25–49 ans.

Un sala­rié sur quatre (23%) s’est déjà vu repro­cher d’être trop âgé pour le poste visé, lors de recru­te­ments passés. Deux DRH sur trois recon­naissent avoir déjà écarté d’emblée des candi­dats seniors. Et plus d’un quart des diri­geants d’entreprise avoue que face à des CV équi­va­lents, il privi­lé­gie le candi­dat le plus jeune. Surtout, les seniors pâtissent de freins à l’embauche, souvent injustes.

Les problèmes de santé, la fatigue sont cités par 46% des diri­geants inter­ro­gés, tout comme la diffi­culté d’appropriation des outils numé­riques à 32% : des argu­ments souvent démen­tis par les statis­tiques et par la réalité des seniors sur le marché du travail. Loin d’être à l’avant-garde, ces préju­gés paraissent plutôt témoi­gner d’une menta­lité éculée.

Une plus value pour les entreprises

Parmi les secteurs qui recrutent le plus, dont des seniors (chiffres Dares 2022), on distingue :

  • Le secteur de la santĂ© : + 264 000 emplois.
  • Le secteur du BTP : + 174 000 emplois.
  • Le secteur du numé­rique : + 160 000 emplois.
  • Le secteur de l’aide Ă  la personne et des services : + 147 000 emplois.
  • Le secteur de l’hô­tel­le­rie-restau­ra­tion : + 51 000 emplois.

Parmi les avan­tages que trouvent les entre­prises Ă  l’emploi des seniors, on peut mettre en avant :

  • Une meilleure dispo­ni­bi­litĂ©, avec des enfants plus grands et plus autonomes.
  • Un faible taux d’absentĂ©isme.
  • Une solide expĂ©rience.
  • Des faci­li­tĂ©s en mana­ge­ment d’équipe.
  • Une personne rapi­de­ment opĂ©rationnelle.
  • Un profil moins impul­sif, prenant du recul et cĂ©dant moins au stress.
  • Un sala­riĂ© stable et donc une rĂ©duc­tion du turno­ver en entreprise.

Outre leurs compé­tences tech­niques (hard skills), les seniors peuvent valo­ri­ser leurs compé­tences compor­te­men­tales (soft skills). Leur expé­rience, leurs connais­sances et leurs capa­ci­tés d’ana­lyse (métiers, contextes, problé­ma­tiques) alliés à des quali­tés de commu­ni­ca­tion, sont des atouts leur permet­tant de se présen­ter en véri­tables offreurs de service.

Les aides à l’embauche pour les entreprises

Le coût de recru­te­ment des seniors est souvent mis en avant comme un frein à leur embauche par les entre­prises. Pourtant, la matu­rité d’un profil senior induit un gain de temps et d’argent, puisque celui-ci aura moins besoin d’encadrement ou de forma­tion et sera en mesure d’être très rapi­de­ment auto­nome. Par ailleurs, il existe diffé­rentes aides finan­cières faci­li­tant leur embauche et leur inser­tion professionnelle.

1. L’aide Ă  l’embauche d’un senior en contrat de professionnalisation 

Toute entre­prise peut béné­fi­cier d’une aide de l’État pour l’embauche d’un sala­rié âgé de plus de 45 ans en contrat de profes­sion­na­li­sa­tion, en CDD ou CDI . L’aide prend la forme d’un verse­ment plafonné à 2000 euros et s’accompagne de réduc­tions des coti­sa­tions sociales patro­nales sur les salaires. Pour y prétendre, l’entreprise doit remplir quelques condi­tions, notam­ment celle d’être assu­jet­tie au finan­ce­ment de la forma­tion profes­sion­nelle. Enfin, l’employeur doit, dans un contrat de profes­sion­na­li­sa­tion assu­rer au sala­rié l’acquisition de nouvelles quali­fi­ca­tions via des forma­tions professionnelles.

2. Le CDD senior 

Toutes les entre­prises du secteur privé peuvent conclure ce type de contrat pour embau­cher des sala­riés âgés de plus de 57 ans, inscrits depuis 3 mois et plus à France Travail, ou béné­fi­ciant d’un Contrat de sécu­ri­sa­tion profes­sion­nelle suite à un licen­cie­ment écono­mique. La durée du contrat est de 18 mois, renou­ve­lable une fois, soit une durée maxi­male de 36 mois. Avantageux, le CDD senior permet aux employeurs de recou­rir à un dispo­si­tif d’embauche plus souple que le CDI ou qu’un CDD classique.

3. Le CDI inclusion 

Créé en décembre 2020, le dispo­si­tif de CDI Inclusion permet à des seniors âgés de plus de 57 ans, rencon­trant des diffi­cul­tés sociales et profes­sion­nelles parti­cu­lières, d’être embau­chés en CDI par des struc­tures d’insertion par l’activité écono­mique (SIAE) qui pour­ront dispo­ser d’aides finan­cières publiques.

4. Les CIU-CAE / Parcours emploi compĂ©tences (PEC) pour le secteur public 

Si les CUI-CAE / Parcours emploi compé­tences ne sont pas spéci­fi­que­ment dédiés aux sala­riés seniors, ils peuvent leur être propo­sés par toutes les orga­ni­sa­tions du secteur non-marchand, pour une durée de 5 ans ou plus, à partir du moment où ils sont âgés de plus de 50 ans. Les orga­ni­sa­tions béné­fi­cient d’une aide finan­cière à l’embauche et les sala­riés d’une aide à la forma­tion ou d’un accom­pa­gne­ment professionnel.

5. Le CUI-CIE (contrat unique d’insertion-contrat initiative emploi) pour le secteur privĂ© 

Fonctionnant sur le mĂŞme modèle que le CUI-CAE/ PEC, le CUI-CIE s’adresse quant Ă  lui aux entre­prises du secteur marchand. Il est conclu pour un CDI ou un CDD pour une durĂ©e de 5 ans et plus, et concerne toutes les personnes âgĂ©es de plus de 50 ans.

6. Les aides des rĂ©gions 

Certaines régions proposent des aides pour favo­ri­ser l’emploi des seniors. La région Haut-de-France propose par exemple une aide à l’embauche de 3000 euros pour les entre­prises de moins de 250 sala­riés. En fonc­tion de la région où votre entre­prise est implan­tée, rensei­gnez-vous sur l’existence de tels dispositifs.

Pour vous aider à inté­grer au mieux les sala­riés seniors dans vos équipes, vous pouvez faire appel à Mon Conseil en évolu­tion profes­sion­nelle (Mon CEP). Il s’agit d’un service public gratuit, simple et person­na­lisé qui épaule vos sala­riés dans l’évolution de leur carrière profes­sion­nelle. Ses conseillers pour­ront infor­mer, guider et orien­ter les sala­riés seniors pour qu’ils s’épanouissent au sein de votre entre­prise dans les meilleures condi­tions possibles.

Les dispositifs pour les seniors

Les aides de France Travail, ex-PĂ´le Emploi

Deux dispo­si­tifs vous aident à finan­cer la forma­tion des seniors deman­deurs d’emploi, afin de leur permettre d’acquérir toutes les compé­tences néces­saires à une prise de poste dans votre entre­prise. Le recours à l’un ou à l’autre dépend de la nature et de la durée du contrat de travail visé.

1. L’Action de formation préalable au recrutement (AFPR)

Un candi­dat senior et deman­deur d’emploi, auquel il manque­rait quelques compé­tences pour un poste, peut bĂ©né­fi­cier d’une aide au finan­ce­ment de sa forma­tion grâce au dispo­si­tif d’Action de forma­tion prĂ©a­lable au recru­te­ment (AFPR). L’employeur doit propo­ser suite Ă  la forma­tion, d’une durĂ©e maxi­male de 400 heures, une embauche pour un contrat de travail allant de 6 Ă  12 mois ou un contrat de profes­sion­na­li­sa­tion de moins de 12 mois.

2. La préparation opérationnelle à l’emploi (POE)

Si dans un proces­sus de recru­te­ment, les Ă©carts entre les compé­tences deman­dĂ©es et le profil du candi­dat retenu sont trop impor­tants, le dispo­si­tif de PrĂ©paration opĂ©ra­tion­nelle Ă  l’emploi peut ĂŞtre solli­citĂ© par l’employeur pour les rĂ©sor­ber. Il aide les entre­prises Ă  finan­cer la forma­tion du candi­dat avant son embauche. Le dispo­si­tif concerne tous les employeurs du secteur privĂ© et public pour des CDD d’au moins 12 mois, des CDI et des contrats de profes­sion­na­li­sa­tion de plus de 12 mois.

Le cumul de l’allocation chĂ´mage et d’une rĂ©munĂ©ration 

S’il n’existe pas encore de règles de cumul concer­nant spéci­fi­que­ment les seniors, il est toute­fois possible pour tous les deman­deurs d’emploi, de cumu­ler leurs allo­ca­tions chômage avec leurs reve­nus, sous réserve que cela ne dépasse pas le montant de leur dernier salaire brut. France Travail réalise des calculs chaque mois, au cas par cas, pour déter­mi­ner à partir du montant de l’indemnisation et du montant de la rému­né­ra­tion, une allo­ca­tion complé­men­taire au salaire.

Le cumul de la retraite et d’une rĂ©munĂ©ration 

Un senior peut cumu­ler le montant perçu pour sa retraite avec une rému­né­ra­tion prove­nant du main­tien ou de la reprise d’une acti­vité profes­sion­nelle, de façon inté­grale ou partielle selon chaque situation.

Depuis le 1er septembre 2023 et l’entrée en vigueur de la réforme des retraites d’Emmanuel Macron, le cumul emploi-retraite permet d’acquérir de nouveaux droits à la retraite en fonc­tion des droits consti­tués depuis janvier 2023. Pour cela, il faut remplir les condi­tions pour béné­fi­cier de la retraite à taux plein (durée d’assurance ou âge) et avoir liquidé la tota­lité de ses pensions de retraite de base et complémentaires.

Les aides Ă  la mobilitĂ© 

Si un senior retrouve un emploi mais rencontre des diffi­cul­tés pour s’y rendre, il peut béné­fi­cier d’une aide à la mobi­lité versée par France Travail, pour l’aider à s’insérer profes­sion­nel­le­ment ou à se former, et visant à suppor­ter ses frais de dépla­ce­ment ou de logement.

L’aide Ă  la mobi­litĂ© se compose d’une prise en charge des frais kilo­mé­triques, des repas et de l’hĂ©bergement en cas de besoin. Le plafond annuel de l’aide est de 5.200 euros. La demande se fait auprès de votre conseiller France Travail et des condi­tions d’attribution doivent ĂŞtre respectĂ©es.

La crĂ©ation et la reprise d’une entreprise 

Les seniors sont de plus en plus nombreux Ă  se lancer dans des aven­tures entre­pre­neu­riales. Pour les y aider, et s’ils sont deman­deurs d’emploi, ils peuvent bĂ©né­fi­cier d’aides de la part de France Travail, en cumu­lant par exemple des allo­ca­tions chĂ´mage aux reve­nus prove­nant de leur entre­prise. Par ailleurs, ils peuvent bĂ©né­fi­cier d’une exoné­ra­tion partielle de coti­sa­tions sociales avec l’Acre, ou d’une aide Ă  la reprise ou Ă  la crĂ©a­tion d’entreprise avec l’Arce (aide Ă  la reprise ou crĂ©a­tion d’entreprise), deux aides propo­sĂ©es par France Travail en lien avec l’URSSAF.

Sous certaines condi­tions, la pension de retraite est cumu­lable avec des reve­nus issus d’une acti­vité entre­pre­neu­riale. Enfin, des aides finan­cières à la reprise d’entreprises peuvent être versées au niveau régio­nal et par diffé­rents orga­nismes dédiés.

Sources et rĂ©fĂ©rences :

Fabien Perez