Cet article de l’UFETAM (Union Fédérale Environnement Territoires Autoroutes Mer), mis à jour le 4 août 2025, montre que la fonc­tion publique n’échappe pas aux biais discri­mi­na­toires à l’embauche. L’article s’ap­puie sur le programme de testing DESPERADO V fina­lisé le 25 octobre 2024.

Les biais à l’embauche dans la fonc­tion publique

Le programme de testing DESPERADO V, présen­tés en session du CCFP (Conseil commun de la fonc­tion publique) le 10 juillet, révèlent des discri­mi­na­tions persis­tantes, notam­ment liées à l’origine et à l’âge.

Réalisé à la demande de la DGAFP (Direction géné­rale de l’administration et de la fonc­tion publique), le projet de recherche DESPERADO V repose sur une campagne de testing dans les trois versants de la fonc­tion publique et dans l’emploi privé afin de mesu­rer les discri­mi­na­tions à l’embauche en couvrant 4 critères de discri­mi­na­tions : l’âge, le sexe, l’origine et le lieu de résidence.

La collecte des données a eu lieu entre novembre 2023 et mars 2024 : 675 offres ont été testées (dont 267 dans des admi­nis­tra­tions ou établis­se­ments publics) grâce à 3 375 candi­da­tures fictives.

Ce bilan, issu de 3 375 candi­da­tures fictives envoyées dans les trois versants de la fonc­tion publique, inter­roge l’efficacité des poli­tiques d’égalité et appelle à pour­suivre la forma­tion des jurys, l’objectivation des recru­te­ments et le dialogue social.

Chaque recru­teur a été confronté à son insu à un jeu de cinq candi­da­tures fictives qui ne se distin­guaient que par une seule carac­té­ris­tique parti­cu­lière : un patro­nyme évoquant une origine magh­ré­bine, une adresse dans un quar­tier prio­ri­taire, un sexe diffé­rent du sexe modal dans le domaine profes­sion­nel testé et enfin, l’âge du candi­dat, fixé à plus de 50 ans contre 30 ans pour le candi­dat de référence.

Ce que disent les chiffres côté fonc­tion publique

Les deux profils les plus défa­vo­ri­sés sont ceux des candi­dats qui signalent une origine magh­ré­bine par leur patro­nyme et dans une moindre mesure ceux des candi­dats qui signalent un âge de plus de 50 ans dans leur CV et leur lettre de motivation.

Pour un candi­dat dont l’origine magh­ré­bine est suggé­rée par la conso­nance du nom et du prénom, la péna­lité varie de 3 à 12,1 points selon les profils des candi­dats et les secteurs d’activité. Pour un senior, la péna­lité subie rela­ti­ve­ment au candi­dat de réfé­rence va de 3 à 5,4 points de pour­cen­tage selon les profils.

Ces résul­tats situent le critère de l’âge comme l’un des plus péna­li­sants sur le marché du travail fran­çais, avec l’origine et une situa­tion de handicap.

Ce que montrent les résul­tats de ce testing multi-critères

En conclu­sion de cette étude multi-critères, on trouve les commen­taires suivants, riches d’enseignements :

A expé­rience profes­sion­nelle égale, un candi­dat pour un poste de cadre admi­nis­tra­tif de plus de 50 ans subit une forte péna­lité dans sa recherche d’emploi, avec une baisse de plus de 20 % de ses chances d’obtenir une réponse posi­tive à une candi­da­ture en réponse à une offre d’emploi. Cette péna­lité est du même ordre de gran­deur que celle d’une origine maghrébine.

L’étude montre qu’à expé­rience profes­sion­nelle égale, un candi­dat pour un poste de cadre admi­nis­tra­tif de plus de 50 ans subit une forte péna­lité dans sa recherche d’emploi, corres­pon­dant à une chute de 22,3 % de ses chances de succès rela­ti­ve­ment au candi­dat de référence.

Pour les aides-soignantes, la péna­lité atteint 10,6 % mais elle n’est pas statis­ti­que­ment signi­fi­ca­tive. Si l’on suit les conclu­sions des campagnes de test effec­tuées dans le passé selon le même proto­cole, l’effet néga­tif d’un âge de plus de 50 ans n’est que légè­re­ment infé­rieur à celui d’une origine magh­ré­bine, parti­cu­liè­re­ment péna­li­sée sur le marché du travail fran­çais, lui-même compa­rable à celui d’une situa­tion de handicap.

Pour aller plus loin

Fabien Perez