L’investissement envi­ron­ne­men­tal, social et de gouver­nance  – Environmental, Social & Governance (ESG) – fait réfé­rence à un ensemble de normes de compor­te­ment d’une entre­prise utili­sées par des inves­tis­seurs socia­le­ment conscients pour sélec­tion­ner les inves­tis­se­ments potentiels.

Les critères envi­ron­ne­men­taux prennent en compte la manière dont une entre­prise protège l’en­vi­ron­ne­ment, y compris les poli­tiques d’en­tre­prise visant à lutter contre le chan­ge­ment clima­tique, par exemple. Les critères sociaux examinent la manière dont l’en­tre­prise gère les rela­tions avec ses employés, ses four­nis­seurs, ses clients et les commu­nau­tés dans lesquelles elle opère. La gouver­nance concerne la direc­tion d’une entre­prise, la rému­né­ra­tion des diri­geants, les audits,  les contrôles internes et les droits des actionnaires.

Comment fonc­tionne l’investissement envi­ron­ne­men­tal, social et de gouver­nance (ESG)

Ces dernières années, les inves­tis­seurs ont mani­festé leur inté­rêt à placer leur argent là où se situent leurs valeurs.

En consé­quence, les socié­tés de cour­tage et les socié­tés de fonds communs de place­ment ont commencé à propo­ser des fonds négo­ciés en bourse (exchange-traded funds, ETF) et d’autres produits finan­ciers qui suivent des stra­té­gies d’investissement ESG. Des robots-conseillers (robo-advi­sor), dont Betterment et Wealthfront, ont fait la promo­tion de ces offres sur le thème ESG auprès des jeunes investisseurs.

Un robot-conseiller (en anglais, robo-advi­sor) est une plate-forme numé­rique qui four­nit des services de plani­fi­ca­tion finan­cière et d’in­ves­tis­se­ment auto­ma­ti­sés basés sur des algo­rithmes avec peu ou pas de super­vi­sion humaine. Un robot-conseiller typique pose des ques­tions sur votre situa­tion finan­cière et vos objec­tifs futurs via une enquête en ligne. Il utilise ensuite les données pour vous conseiller et inves­tir auto­ma­ti­que­ment pour vous.

Les inves­tis­seurs ESG influencent égale­ment de plus en plus les choix d’investissement des grands inves­tis­seurs insti­tu­tion­nels tels que les fonds de pension publics. Selon un rapport secto­riel de la Fondation améri­caine SIF, les inves­tis­seurs déte­naient 17 100 milliards de dollars d’actifs choi­sis selon les prin­cipes ESG en 2020, contre 12 000 milliards de dollars deux ans plus tôt.

Les fonds communs de place­ment et les ETF ESG ont égale­ment atteint un montant record de 400 milliards de dollars d’ac­tifs sous gestion en 2021, en hausse de 33% par rapport à l’an­née précé­dente – et devraient conti­nuer de croître rapi­de­ment dans les années à venir.

L’investissement ESG est parfois appelé inves­tis­se­ment durable, inves­tis­se­ment respon­sable, inves­tis­se­ment à impact ou inves­tis­se­ment socia­le­ment respon­sable (ISR). Pour évaluer une entre­prise sur la base de critères ESG, les inves­tis­seurs examinent un large éven­tail de compor­te­ments et de politiques.

Environnemental, Social et Gouvernance

Les inves­tis­seurs ESG cherchent à garan­tir que les entre­prises qu’ils financent sont des gestion­naires respon­sables de l’environnement, de bonnes entre­prises citoyennes et qu’elles sont diri­gées par des gestion­naires responsables.

Environnemental

Les problèmes envi­ron­ne­men­taux peuvent inclure les poli­tiques clima­tiques des entre­prises, la consom­ma­tion d’énergie, les déchets, la pollu­tion, la conser­va­tion des ressources natu­relles et le trai­te­ment des animaux. Les consi­dé­ra­tions ESG peuvent égale­ment aider à évaluer les risques envi­ron­ne­men­taux auxquels une entre­prise pour­rait être confron­tée et la manière dont elle gère ces risques.

Les consi­dé­ra­tions peuvent inclure les émis­sions directes et indi­rectes de gaz à effet de serre, la gestion des déchets toxiques et le respect des régle­men­ta­tions environnementales.

L’influence humaine est sans équi­voque respon­sable du réchauf­fe­ment de la planète et certaines formes de dérè­gle­ment clima­tique sont désor­mais bloquées depuis des siècles, selon un rapport du Groupe d’ex­perts inter­gou­ver­ne­men­tal sur l’évo­lu­tion du climat des Nations Unies. « Ce rapport doit sonner le glas du char­bon et des combus­tibles fossiles avant qu’ils ne détruisent notre planète », a déclaré le secré­taire géné­ral des Nations Unies, António Guterres.

Social

Les aspects sociaux examinent les rela­tions de l’en­tre­prise avec les parties prenantes internes et externes.

Cela oblige-t-il ses four­nis­seurs à respec­ter ses propres normes ESG ? L’entreprise reverse-t-elle un pour­cen­tage de ses béné­fices à la commu­nauté locale ou encou­rage-t-elle ses employés à y faire du béné­vo­lat ? Les condi­tions de travail reflètent-elles un grand respect pour la santé et la sécu­rité des employés ? Ou l’entreprise profite-t-elle de manière contraire à l’éthique de ses clients ?

L’investissement socia­le­ment respon­sable (ISR) est une stra­té­gie d’investissement qui met en valeur cette facette de l’ESG. Les inves­tis­seurs ISR recherchent des entre­prises qui promeuvent des thèmes éthiques et socia­le­ment respon­sables, notam­ment la diver­sité, l’in­clu­sion, l’orien­ta­tion commu­nau­taire, la justice sociale et l’éthique d’en­tre­prise, en plus de lutter contre la discri­mi­na­tion raciale, de genre et sexuelle.

Gouvernance

Les normes de gouver­nance ESG garan­tissent qu’une entre­prise utilise des méthodes comp­tables précises et trans­pa­rentes, recherche l’intégrité et la diver­sité dans la sélec­tion de ses diri­geants et est respon­sable envers les actionnaires.

Les inves­tis­seurs ESG peuvent exiger l’assurance que les entre­prises évitent les conflits d’intérêts dans le choix des membres de leur conseil d’administration et de leurs cadres supé­rieurs, n’utilisent pas de contri­bu­tions poli­tiques pour obte­nir un trai­te­ment préfé­ren­tiel ou ne se livrent pas à une conduite illégale.

Les critères envi­ron­ne­men­taux, sociaux et de gouver­nance (ESG)

Les entre­prises d’investissement qui suivent des inves­tis­se­ments ESG fixent souvent leurs propres prio­ri­tés. Par exemple, Trillium Asset Management, basée à Boston, avec 5,6 milliards de dollars sous gestion en décembre 2021, utilise divers facteurs ESG pour aider à iden­ti­fier les entre­prises posi­tion­nées pour de solides perfor­mances à long terme.

Les critères sont fixés par des analystes qui iden­ti­fient les problèmes perti­nents auxquels sont confron­tés des secteurs, des indus­tries et des entre­prises spécifiques.

Les critères ESG de Trillium excluent les inves­tis­se­ments dans les domaines suivants :

  • Entreprises qui opèrent dans des zones à risque plus élevé ou qui sont expo­sées à l’ex­ploi­ta­tion minière du char­bon ou de roche dure, à l’éner­gie nucléaire ou au char­bon, aux prisons privées, à la biotech­no­lo­gie agri­cole, au tabac, aux sables bitu­mi­neux ou aux armes et armes à feu.
  • Entreprises impli­quées dans des contro­verses majeures ou récentes sur les droits de l’homme, le bien-être animal, les préoc­cu­pa­tions envi­ron­ne­men­tales, les ques­tions de gouver­nance ou la sécu­rité des produits.

En revanche, Trillium recherche des inves­tis­se­ments répon­dant aux critères ESG suivants :

Environnement

  • Publie un rapport carbone ou déve­lop­pe­ment durable
  • Limite les polluants et produits chimiques nocifs
  • Cherche à réduire les émis­sions de gaz à effet de serre et l’empreinte CO²
  • Utilise des sources d’énergie renouvelables
  • Réduit les déchets

Sociale

  • Exploite des chaînes d’approvisionnement éthiques
  • Évite le travail à l’étran­ger qui peut avoir une sécu­rité douteuse sur le lieu de travail ou employer du travail des enfants
  • Soutient les droits LGBTQ+ et encou­rage toutes les formes de diversité
  • Dispose de poli­tiques de protec­tion contre l’inconduite sexuelle
  • Verse un salaire (vivant) équitable

Gouvernance

  • Accepte la diver­sité au sein du conseil d’administration
  • Adopte la trans­pa­rence des entreprises
  • Une personne autre que le PDG est président du conseil d’administration
  • Échelonne les élec­tions au conseil d’administration

Avantages de l’in­ves­tis­se­ment ESG

Certains ont fait valoir qu’en plus de leur valeur sociale, les critères ESG peuvent aider les inves­tis­seurs à éviter les explo­sions qui se produisent lorsque les entre­prises opérant de manière risquée ou contraire à l’éthique sont fina­le­ment tenues respon­sables de leurs consé­quences. Citons à titre d’exemple la marée noire de British Petroleum (BP) dans le Golfe du Mexique en 2010 et le scan­dale des émis­sions de Volkswagen, qui a ébranlé les cours des actions des entre­prises et leur a coûté des milliards de dollars.

À mesure que les pratiques commer­ciales soucieuses de l’ESG gagnent du terrain, les socié­tés d’investissement suivent de plus en plus leurs perfor­mances. Des socié­tés de services finan­ciers telles que JPMorgan Chase (JPM), Wells Fargo (WFC) et Goldman Sachs (GS) ont publié des rapports annuels qui examinent en profon­deur leurs approches ESG et leurs résul­tats nets.

La valeur ultime des inves­tis­se­ments ESG dépen­dra de la ques­tion de savoir s’ils encou­ragent les entre­prises à appor­ter de réels chan­ge­ments pour le bien commun, ou s’ils se contentent de cocher des cases et de publier des rapports. Cela dépen­dra à son tour de la ques­tion de savoir si les flux d’investissement suivent des prin­cipes ESG qui sont réalistes, mesu­rables et réalisables.

Inconvénients de l’investissement ESG

L’inconvénient de l’investissement ESG est que vous ne pour­rez pas déte­nir l’ensemble des actions dispo­nibles sur le marché. Après tout, le tabac et la défense, deux secteurs évités par de nombreux inves­tis­seurs ESG, ont histo­ri­que­ment produit des rende­ments de marché bien supé­rieurs à la moyenne et peuvent contre­car­rer les tendances réces­sion­nistes. En d’autres termes, les inves­tis­seurs améri­cains pour­raient sacri­fier une petite quan­tité de rende­ment en échange de place­ments corres­pon­dant à leurs valeurs.

De nombreux inves­tis­seurs ESG sont cepen­dant prêts à faire ce compro­mis. Selon une  récente enquête menée auprès des lecteurs  d’Investopedia et de Treehugger, près de la moitié des inves­tis­seurs ESG ont déclaré qu’ils seraient prêts à subir une perte de 10 % sur une période de cinq ans pour inves­tir dans une entre­prise qui « s’aligne excep­tion­nel­le­ment sur les normes ESG ». Mais 74 % des personnes inter­ro­gées ont déclaré que la valorisation/le prix était « très ou extrê­me­ment impor­tant pour eux ». Cela indique que l’investissement ESG moyen se négo­cie  avec une prime, ce qui en fait un style d’investissement rela­ti­ve­ment plus coûteux.

En quoi l’investissement ESG est-il diffé­rent de l’investissement durable ?

L’ESG et la dura­bi­lité sont étroi­te­ment liés. L’investissement ESG sélec­tionne les entre­prises sur la base de critères liés à leur carac­tère proso­cial, respec­tueux de l’en­vi­ron­ne­ment et à leur bonne gouver­nance d’en­tre­prise. Ensemble, ces carac­té­ris­tiques peuvent conduire à la dura­bi­lité. L’ESG examine donc la manière dont la direc­tion et les parties prenantes d’une entre­prise prennent leurs déci­sions ; la dura­bi­lité prend en compte l’impact de ces déci­sions sur le monde.

Que signi­fie l’ESG pour une entreprise ?

L’adoption des prin­cipes ESG signi­fie que la stra­té­gie d’en­tre­prise se concentre sur les trois piliers que sont l’en­vi­ron­ne­ment, le social et la gouver­nance. Cela signi­fie prendre des mesures pour réduire la pollu­tion, les émis­sions de CO² et réduire les déchets. Cela signi­fie égale­ment dispo­ser d’un effec­tif diver­si­fié et inclu­sif, du niveau débu­tant jusqu’au conseil d’administration. L’ESG peut s’avérer coûteuse et longue à mettre en œuvre, mais elle peut égale­ment s’avérer grati­fiante à l’avenir pour ceux qui la mettent en œuvre.

Comment savoir quels inves­tis­se­ments sont ESG ?

Plusieurs socié­tés finan­cières ont élaboré des nota­tions et des systèmes de nota­tion ESG ces dernières années. Par exemple, MSCI a élaboré un système de nota­tion couvrant plus de 8 500 entre­prises à travers le monde, leur attri­buant des scores et des notes en fonc­tion de leur confor­mité aux normes et initia­tives ESG. Plusieurs autres socié­tés, comme Morningstar et Bloomberg, ont égale­ment créé des critères pour noter les entre­prises sur les objec­tifs ESG.

En conclu­sion

L’investissement ESG se concentre sur les entre­prises qui suivent des prin­cipes envi­ron­ne­men­taux, sociaux et de gouver­nance posi­tifs. Aujourd’hui, les inves­tis­seurs sont de plus en plus dési­reux d’aligner leurs porte­feuilles sur des socié­tés et des four­nis­seurs de fonds liés à l’ESG, ce qui en fait un domaine de crois­sance passion­nant qui a égale­ment des effets posi­tifs sur la société et l’environnement.

Que l’investissement ESG vous convienne ou non dépend de votre volonté de combi­ner vos valeurs avec vos inves­tis­se­ments. À partir de là, vous pouvez vous tour­ner vers un ou plusieurs des nombreux systèmes de nota­tion ESG appa­rus au cours des dernières années pour consti­tuer le bon porte­feuille, ou envi­sa­ger un fonds négo­cié en bourse (ETF) ou un fonds commun de place­ment adapté aux critères ESG.

Points clés à retenir

  • L’investissement envi­ron­ne­men­tal, social et de gouver­nance (ESG) est utilisé pour filtrer les inves­tis­se­ments en fonc­tion des poli­tiques d’en­tre­prise et pour encou­ra­ger les entre­prises à agir de manière responsable.
  • De nombreux fonds communs de place­ment, socié­tés de cour­tage et robots-conseillers proposent désor­mais des produits d’in­ves­tis­se­ment qui emploient les prin­cipes ESG.
  • L’investissement ESG peut égale­ment aider les porte­feuilles à éviter que les socié­tés holding se livrent à des pratiques risquées ou contraires à l’éthique.
  • La crois­sance rapide des fonds d’investissement ESG ces dernières années a donné lieu à des affir­ma­tions selon lesquelles les entre­prises n’auraient pas fait preuve de sincé­rité ou auraient été trom­peuses en vantant leurs réali­sa­tions en matière d’ESG.
Fabien Perez